* LA VALLEE AUX FLEURS

A quelques lieues au nord de Gaviota sur l’autoroute 101, une petite route part vers l’ouest entre Los Angeles et San Francisco. A l’air salin du Pacifique tout proche se mêlent soudain des effluves sucrés et tenaces. Car derrière les collines fauves s’étendent d’interminables bandes de terre où des milliards de fleurs exhalent leur parfum. Ici commence Lompoc Valley. Les « floriculteurs » américains en ont fait un jardin démesuré de la taille de 2.000 terrains de football. Ils y cultivent près de 500 variétés de fleurs et créent, dans le secret, de nouvelles espèces.

 

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C’est ici que naissent les jardins de notre vieille Europe

Tous les ans, à l’automne finissant, les horticulteurs tracent méticuleusement les territoires de chaque espèce de fleur, puis ensemencent les deux mille hectares de leur domaine. L’alliance du soleil et de la pluie assure une parfaite germination des graines qui iront s’épanouir, aussi, dans les parcs et jardins de notre vieux continent. En hiver, les averses abondantes abreuvent la terre très argileuse et les brumes matinales qui montent de l’océan, procurent en toutes saisons l’humidité nécessaire aux jeunes pousses. Symbole de l’Etat californien, le golden poppy, le coquelicot dans les couleurs de ses différentes variétés, côtoie les longs tapis de pieds-d’alouette bleus, de soucis jaunes et de l’espèce pionnier de Lompoc Valley ; le pois de senteur couleur lavande. A la floraison, la vallée prend l’aspect d’un patchwork, tissé par un maniaque de géométrie.

 

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De la main de l’homme sort une beauté stérile

Pour dépasser tous leurs concurrents, les super jardiniers procèdent sans cesse à des expériences afin de créer les plus beaux hybrides. Ils cultivent deux variétés de soucis qu’ils sarclent, comme autrefois, avec des binettes. La fleur vert foncé est d’origine africaine, la jaune vient de France. Le croisement des deux produit une graine qui donnera à son tour naissance à un hybride stérile ; dans le processus de la floraison, l’appareil végétatif, pétales et sépales, absorbe en effet toute l’énergie disponible ; l’appareil reproducteur, étamines et pistil ne peut se développer, il est atrophié. Aussi l’hybride ne peut se reproduire. Les paysagistes sont obligés de passer par Lompoc Valley pour se procurer ce genre de fleurs car le procédé d’hybridation reste secret.

 

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Le secret de fabrication est bien gardé

En matière de botanique les progrès de la recherche permettent aux scientifiques de faire certaines manipulations génétiques très raffinées. Bon an mal an, de cinquante à cent nouvelles espèces d’hybrides arrivent sur le marché mondial de la fleur.

Plus de 20 % d’entre elles proviennent des laboratoires de Lompoc Valley où officient de méfiants sorciers qui tiennent à garder secrètes leurs techniques d’hybridation.

 

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